Quand on observe déambuler quelqu’un dans la rue, nous avons souvent de nombreuses images qui nous viennent, cette personne est-elle heureuse /malheureuse, riche/pauvre, exerce une profession manuelle/intellectuelle, jeune/moins jeune/vieille, agréable/acariâtre … car quand on marche, l’ensemble du corps raconte une histoire.
Pour le démontrer on va s’inspirer des animateurs. Ceux sont d’excellents observateurs dont l’une des tâches est d’exagérer certaine expressions des caractères qu’ils animent dans le but justement de susciter une réaction.
Dans le cadre de ce travail, nous sommes exactement dans la même perspective. Ce qui nous différencie des animateurs, c’est la réalité. Les animateurs ne sont pas soumis aux lois de la physique, ils en jouent même souvent pour créer des situations qui nous feront rire en général.
Ce n’est pas notre cas, nous aurons une machine réelle qui se déplacera dans un mode réel, et donc elle sera soumise aux lois de la physique et du maintien de l’équilibre en particulier.
Hormis ce « détail » nous avons les mêmes préoccupations, observer et amplifier/grossir des traits de caractères pour susciter l’émotion du spectateur.
Il est important de noter que si les expressions de la face sont importantes elles sont considérablement atténuées si le reste du corps ne participe pas à l’expression d’un caractère précis. En effet pour un observateur cela suscitera une certaine gêne, car il notera une incohérence dans l’expression générale de la machine
Pour illustrer notre propos, nous allons étudier trois caractères : la joie, la tristesse et la colère. Nous allons chercher quelques exemples d’animations sur YouTube, qui de notre point de vue, sont réussies et nous allons mettre en évidence les mouvements du corps propres à chacun d’eux.
L’animation de la face est un sujet sur lequel nous reviendrons dans un autre article. L’expression des émotions humaines s’expriment via un nombre considérables de muscles. Un robot n’utilisera qu’un nombre limité d’actionneurs pour représenter une émotion. Mais nous en reparlerons dans une autre note.
1.1 Un caractère joyeux
Commençons par le plus agréable, un caractère qui est heureux. La joie est un mouvement d’ouverture, d’expansion ce qui veut dire que tous les mouvements sont amplifiés.
C’est particulièrement vrai pour les membres supérieurs ; tête, ceinture scapulaire et bras. En ce qui concerne les jambes, la marche est en général rapide et tonique.
Quelles sont les différences avec une démarche normale :
- Le torse est légèrement incliné vers l’avant dans le plan sagittal;
- La rotation de la ceinture scapulaire est amplifiée :
- Lors de la phase de double appui à la fois dans le plan horizontal et le plan frontal ;
- Le mouvement des bras est amplifié – ils prennent plus de volume dans l’espace :
- Ils sont plus loin du corps dans le plan frontal ;
- Ils montent beaucoup plus haut dans le plan sagittal;
- La tête peut effectuer également plusieurs mouvements – ce qui donnera suivant le cas plus de « satisfaction de soi-même ou bien de suffisance » ou non dans l’expression du caractère :
- Elle est légèrement inclinée vers l’arrière dans le plan sagittal ;
- Elle a un mouvement opposé à la ceinture scapulaire dans le plan frontal ;
- Elle un mouvement de rotation dans le même sens (le sens opposé est également possible) que celui de la ceinture scapulaire dans le plan horizontal.
Le cycle au niveau des jambes est un cycle rapide.
Figure 1 : Mouvements spécifiques au caractère joyeux.
1.1 Un caractère triste ( Sad walk cycle)
Un caractère triste c’est le contraire d’un caractère joyeux, l’énergie est faible et intériorisée. La posture ne montre aucun signe de dynamisme.
Un très bel exemple est donné ci-dessous. Ce qui caractérise ce caractère :
- La marche est lente, voire très lente et la distance entre chaque pas faible ;
- Le bassin est rétroversion, ce qui a pour effet de courber la colonne vertébrale dans le plan sagittal ;
- Les bras littéralement pendent le long du corps, ils n’ont aucune tonicité ;
- La tête est penchée vers l’avant, elle ne bouge pas non plus.
Figure 2 : Mouvements spécifiques au caractère triste.
1.1 Un caractère en colère
Que remarque-t-on dans un caractère en colère ? C’est le corps qui est tendu, projet en avant, une marche rapide et deux poings serrés qui oscillent autour des épaules.
Figure 3 : Mouvements spécifiques au caractère coléreux.
Si nous disposons d’un algorithme de la marche (impliquant le corps dans son ensemble), alors il suffira de l’adapter pour imiter ces différents caractères.