En Chine il y a très peu de magazines qui dénoncent avec habileté les dérives du capitalisme à la chinoise – tant sur le plan social, sanitaire que financier. Caijing (http://english.caijing.com.cn/)
, fondée en 1998 par Hu Shuli - femme d’exception qui a travaillé aux champs sous Mao, puis appris aux Etats-Unis le journalisme à l'américaine, fait partie de ces magazines.
Mais jusqu’à quand ? En effet, depuis cet été, le magazine est le théâtre d’une âpre lutte entre son fondateur et son propriétaire concernant justement la ligne éditoriale. Son propriétaire, le groupe de Média SEEC veut intervenir et censurer si nécessaire les articles publiés par Caijing. Certains caciques du parti communiste semblent irrités par l’esprit critique qui transparait dans les articles de Caijing.
Daphné Wu Chuanhui, directrice générale de la revue financière la plus influente et rentable de la Chine continentale a donné sa démission avec plusieurs dizaines de ses employés à la suite d’une âpre lutte avec le groupe propriétaire de la revue concernant son contrôle éditorial.
Zhang Xianghui, directeur des relations publiques au magazine Caijing, a dit à China Daily ce mardi que Daphné Wu Chuanhui et près de 70 employés, soit plus des deux tiers des effectifs du département commercial, avaient démissionnés.
Dai Xiaojing, directeur de la communication de la SEEC, entreprise propriétaire
de Caijing, a été nommé comme nouveau directeur général à la place de Daphné Wu
Chuanhui.
Les démissions en masse sont le résultat des pressions réalisées par la SEEC ces derniers mois pour débarrasser le magazine à la fois du franc-parler et de son indépendance éditoriale qui étaient à la source de sa très bonne réputation auprès du monde financier, selon deux personnes travaillant pour le magazine mais qui ont souhaité garder l’anonymat d’après le journal China Daily.
«La clé, c'est que la SEEC veut intervenir et censurer toutes nos publications
financières. C'est insupportable (pour nous) » a déclaré une des sources à
China Daily.
«Aucune des histoires vraies que nous avons racontées
n’auraient été approuvées par la SEEC si elle est était intervenue », a
précisé la source.
Hu Shuli (ndlt: que vous pouvez voir sur la photo), fondateur de Caijing et rédacteur en chef, est également susceptible de quitter la publication, selon les deux sources, qui ont dit que la plupart du personnel éditorial allait « se battre avec elle » et quitter le magazine si elle le démissionne.
Zhang, pour sa part, a réfuté ces allégations, soulignant que le remaniement en
cours est normal et ne concerne par Hu ou le département éditorial.
Hu est une journaliste chevronnée et elle a toujours dénoncé
dans les colonnes du journal pékinois bihebdomadaires les scandales, les fraudes
dans les entreprises et les urgences de santé publique (ndlt : Caijing
s’est fait connaître par une série d’articles très critiques sur le SARS en
2002/2003) depuis sa fondation en 1998.
Caijing se diffusion à 225.000 exemplaires et est une source
de revenues très importantes pour le groupe de Média SEEC qui est côté à Hong Kong. Le journal a généré HK $ 54,1 millions (6,9 millions de dollars)
au premier semestre de cette année, contribuant ainsi pour environ 47 pour cent
des recettes totales du SEEC Media Group au cours de cette période.
En dépit des attentes accrues de son propriétaire et éditeur
dans le contexte de la récession économique actuelle, les rapports précédents
disent que Hu Shuli soutient que l'intégrité éditoriale de Caijing est
fondamentale et fait pression sur le groupe pour en abandonner le contrôle
majoritaire en faisant appel à des investisseurs extérieurs.
En cas d'échec, la présidente Hu pourrait démissionner et
lancer une nouvelle entreprise, selon ces mêmes rapports.
Le SEEC Media Group n'était pas disponible pour commenter.
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