Voici une note sur les perspectives d'évolutions du secteur des énergies renouvelables en Chine. Commençons par un panorama global des investissements réalisés en 2007 dans un secteur en pleine ébullition
Selon le Programme des Nations Unies pour l'environnement (UNEP), les investissements et les fusions-acquisitions dans le secteur des énergies renouvelables ont totalisé 204,9 milliards de dollars en 2007.
En 2007, les investissements mondiaux dans les énergies renouvelables se sont élevés à 148,4 milliards de dollars. L'investissement dans de nouvelles capacités de production a augmenté de 68 % en un an, atteignant 84,5 milliards de dollars.
La figure ci-dessous représente la distribution des investissements :
Quelques faits marquants :
Capital-risque. Les entreprises du secteur des énergies renouvelables ont levé
19 % des fonds investis dans le domaine de l'énergie en 2007. 2 milliards de
dollars ont été investis par les fonds de capital-risque en « early stage »
(amorçage, premiers tours), en progression de 112 % sur un an. Par contre ici c'est
le solaire qui a attiré le plus de capitaux de développement dans le non-coté
(3,7 milliards de dollars), et la biomasse qui enregistre la plus forte progression
(+ 432 %). En revanche, les capitaux investis dans les biocarburants ont marqué
un recul de 30 %.
Bourse et fonds publics. Le capital-risque n'est pas le seul pourvoyeur de
fonds pour les technologies en devenir, en dehors de la recherche privée. La
R&D a reçu 7,1 milliards de dollars de fonds publics en 2007. Quant aux
entreprises cotées, elles ont récupéré 27 milliards l'année dernière sur les
marchés, soit plus du double qu'en 2006. Iberdrola a notamment réalisé la plus
grosse introduction en Bourse de l'histoire en Espagne.
Fusions-acquisitions. 91 % des opérations de fusions et acquisitions dans le
secteur des énergies renouvelables ont eu lieu dans des pays de l'OCDE. Dans ce
domaine, les Etats-Unis mènent légèrement le jeu devant l'Europe, la valeur des
deals Outre-Atlantique s'établissant à 11,1 milliards de dollars, contre 10,6
milliards pour le Vieux Continent. Hors OCDE, c'est au Brésil que l'activité a
été la plus soutenue. L'énergie éolienne est le secteur dans lequel les plus
grosses fusions-acquisitions ont été opérées. Citons notamment la cession par
Goldman Sachs de Horizon Wind Energy au portugais EDP pour 2,7 milliards de
dollars, la reprise de l'activité éolienne du danois Dong en Espagne (990
millions) et des activités américaines de l'irlandais Airtricity (1,4 milliard)
par EON.
Chine – médaille d’or 2008 des énergies renouvelables (clin d’œil à un
évènement récent organisé par la Chine) ?
En effet si on en croit les annonces publiées par les
organes d’états, la Chine pourrait atteindre, voire dépasser, l’objectif de
produire d’ici 2020 15 % de l’énergie nécessaire à son fonctionnement grâce à
des énergies renouvelables contre 8 % aujourd’hui. Pour 2050, cette part
pourrait être de 30 %. Le pays progresse
à grands pas (et à marche forcé) en matière d’énergie éolienne, photovoltaïque,
de chauffage solaire, d’énergie issue de la biomasse et de biocarburants.
Quelques faits marquants concernant la Chine:
Priorité au vent, c’est l’éolien qui connaît la plus forte croissance. La capacité installée a déjà plus que doublée de 2006 à 2007, atteignant environ 6GW fin 2007, avec un objectif de 10GW pour 2010. En 2007, le pays compte quatre importants fabricants domestiques de turbines éoliennes, six autres filiales étrangères implantées localement, et plus de 40 entreprises développant des prototypes de turbines de grande taille (2GW et plus) souhaitant les mettre sur le marché d’ici à 2009 à des prix défiant toute concurrence (évidemment).
Durant cette même année 2007, la capacité de production photovoltaïque représenterait plus de 1500 MW, soit une progression spectaculaire par rapport à 2005 (350 MW). Un bémol cependant car l’essentiel de la production est destinée à des zones qui ne sont pas connectés au réseau électrique. La Chine se place désormais dans le peloton de tête des pays producteurs d’énergie solaire avec l’Allemagne, l’Espagne, le Japon et les Etats-Unis. Elle sera certainement la première en terme de production de composants et de panneaux solaires destinés à l’exportation en 2009.
Incontestablement, les chauffe-eau solaires ont eux aussi connu une croissance très rapide. Les entreprises chinoises produisent maintenant des chauffe-eau solaires, pour répondre à une demande accrue des consommateurs et ce à des prix de cinq à huit fois moins élevés qu’aux Etats Unis ou en Europe. Selon l’analyse de l’Institut Worldwatch publiée en novembre 2007 (Worldwatch special report Powering China's Development: The Role of Renewable Energy), la Chine serait déjà leader sur les marchés de l’eau chaude solaire et de la petite hydro-électricité : environ 10 % des ménages chinois utilisent déjà le soleil pour chauffer leur eau.
Quelles sont les perspectives d’investissements dans les énergies renouvelables en Chine
Du point de vue du capital risque (VC)/fonds d’investissements dans le
non-coté (PE) ?
Du point de vue des IPOs
les entrepreneurs Chinois ont bien
compris l’avantage qu’ils pouvaient tirer du contexte créé par le gouvernement
central car le nombre d’IPO réalisés et annoncés dans le domaine des énergies
renouvelables est assez important – avec une forte composante solaire - comme
le montre le tableau ci-dessous
Investir en Chine dans ce secteur n'est pas sans risque
Il y a bien des obstacles à surmontés pour les investisseurs dans ce secteur qui est étroitement lié à la politique du gouvernement:
- Bien que le secteur de l'énergie renouvelable suscite de
plus en plus d'attention en Chine, le développement de cette industrie est
encore confronté à de nombreuses difficultés et les pièges sont nombreux.
- Citons la dépendance excessive des entreprises (et donc des
investisseurs) vis-à-vis du gouvernement. L’influence du gouvernement s’exerce
au travers des lois, des subventions mais également dans son arbitrage – qui se
manifeste tout particulièrement dans les concessions de fermes éoliennes ;
- Peu d’instituts de recherche « indépendants » et
le gouvernement doit encore améliorer sa capacité à promouvoir l'utilisation
des énergies renouvelables dans la société ;
- Le développement des technologies performantes est encore
embryonnaire notamment dans l’éolien ou les fabricants chinois produisent des
turbines de 750kw alors que concurrents occidentaux produisent aujourd’hui des
turbines de 1,5GW voire 2GW ;
- Une pénurie de techniciens ;
- La concomitance du manque de techniciens, de technologie peu performante et d’une guerre des prix conduit à des installations défaillantes qui sont loin de satisfaire les critères européens. Il s’ensuit beaucoup de pannes qui entrainent des interruptions de services et finissent par avoir un impact significatif sur le plan financier. La maintenance des fermes éoliennes par exemple pourrait offrir des opportunités intéressantes dans un proche avenir à mon avis.
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