Voilà un scénario de plus en plus fréquente Chine:
- Prenez des régions auxquelles le gouvernement prête peu d’attention ;
- Ses habitants se plaignent depuis des années car des enfants, des vieillards meurent de leucémies, de cancers, parfois les enfants sont atteints de malformation ;
- Les soins auxquels les malades ont accès sont ridicules eu égards aux maux dont ils souffrent ;
- Puis ses habitants dénoncent les usines qui rejettent des déchets toxiques dans l’eau ;
- Ils dénoncent également la corruption qui implique les dirigeants communistes locaux et les entrepreneurs ;
- En vain, le gouvernement central semble sourd à leur souffrance et à leur doléance ;
- Rajouter à cela l’incertitude quand à l’avenir, les migrants qui reviennent dans ces villes sans perspectives de trouver du travail dans les provinces du Sud ;
La révolte n’est pas loin et peut vite déboucher sur des excès de violences incontrôlables. Il y en a de plus en plus en Chine et seules les plus « spectaculaires » nous parviennent.
C’est le cas d’un événement qui s’est déroulé le 31 août au soir, dans la ville de Quanzhou située dans la province côtière du Fujian, qui a été le théâtre d'émeutes. Dix mille villageois s'étaient rassemblés pour dénoncer la pollution provoquée par une tannerie et une usine de raffinement de pétrole locales, qu'ils accusent de polluer leurs eaux et de favoriser l'apparition de cancers. Leur manifestation a vite dégénéré, des fonctionnaires ont été retenus en otages et des affrontements ont eu lieu avec les 2 000 policiers anti-émeute envoyés par les autorités locales.
10000 villageois
contre 2000 policiers anti-émeute à cause de la pollution dans le Futian
Des milliers de villageois se sont rassemblés pour dénoncer la pollution provoquée par une tannerie et une usine de raffinement de pétrole locales, qu'ils accusent de polluer leurs eaux et de favoriser l'apparition de cancers
Les villageois et les autorités de la ville de Quanzhou ont
confirmé hier que plus de 10.000 personnes ont affrontés 2.000 policiers
anti-émeute dans la nuit de lundi dans la ville de Fengwei. La police a tiré
deux coups de feu d'avertissement et utilisé du gaz lacrymogène pour disperser
la foule, selon des témoins. Les manifestants leur lançaient des pierres. Des
fonctionnaires ont été enlevés pour être libérés hier après-midi.
Au moins une douzaine de personnes ont été blessées, dont le
directeur adjoint de Fengwei et un agent de police qui sont tous deux dans un
état critique. Les autorités n'ont pas précisé le nombre de villageois qui ont
été blessés lors des affrontements avec la police anti-émeute.
Le gouvernement de Quanzhou accuse « un petit groupe de personnes ayant
des arrière-pensées » d'être les instigateurs de ces manifestations.
Les motifs de la colère des villageois ont pour objet une
tannerie et une raffinerie de pétrole, dont les rejets empoisonnent l’eau
potable et seraient à l'origine de cancers. Ils ont manifesté devant l'usine de
traitement des eaux usées qui traitent les déchets de la tannerie et de la
raffinerie. Il y a deux semaines, ils ont commencé une manifestation pacifique
qui peu à peu se transforma en révolte face à des autorités qui ignorait leurs
plaintes.
Photos de l'usine de traitements des déchets.
Il y a cinq jours, les manifestants ont tenté de saboter la station d'épuration et a pris deux policiers en otage, selon le gouvernement. Ils ont ensuite été libérés. Lundi, des responsables du gouvernement accompagnés par des policiers ont tenté de pénétrer dans l’usine, ce qui a déclenchés des affrontements violents qui ont duré plusieurs heures.
Le gouvernement de Quanzhou a traités les manifestants « émeutiers »,
affirmant que son chef de la police, le responsable du Parti communiste Gang Xu
et son adjoint sont allé à Fengwei.
Une coentreprise entre Sinopec, Exxon Mobil et Saudi Aramco - trois des plus grosses entreprises de la pétrochimie – va créer un énorme complexe pétrochimique dans le Quanzhou d'ici 2012. Il comprendra une raffinerie de pétrole et des usines de fabrication d'éthylène, de polyéthylène et de polypropylène. Les autorités du Fujian ont mentionné que le projet s'inscrit dans le cadre de son plan pour faire de la ville le prochain plus grand site raffinerie de la Chine continentale.
La pollution est devenue la première cause de l'agitation sociale et de mécontentement du public en Chine continentale, où l'environnement et la santé publique ont été sacrifiés au bénéfice d’une croissance économique vertigineuse des années durant. Le nombre de «villages du cancer », où le taux de cancers est beaucoup plus élevé que la moyenne, est en croissance rapide.
« Une odeur nauséabonde provenant de l'usine d'épuration a imprégné notre
village depuis des années » a déclaré un villageois (l'usine a été ouverte
en 2007.) « Dans le Fujian, un patient sur trois qui est atteint du cancer
vient de Quanzhou » dit un villageois
qui ne souhaite pas donner son nom, ayant peur
de représailles.
Un autre villageois dont la mère a un cancer de l'estomac a déclaré: « Il ya juste trop de patients atteints de cancer ici. »
Les autorités de Quanzhou prétendent que
les 50.000 tonnes journalière de rejets
d'eaux usées traitées par l’usine respectent les plus strictes normes
environnementales.
Les raffineries de pétrole et les usines chimiques sont à l’origine d’un nombre grandissants de protestations ces dernières années. La province de Guangdong a récemment délocalisé une raffinerie de pétrole, et une usine de paraxylène prévue à Xiamen, Fujian, a été contrainte de déménager après que plus de 10.000 personnes aient manifesté contre sa construction.
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