Bernanke est ouvert à la création d’un nouveau « système monétaire international », accuse la Chine d’intervenir sur le marché des devises, met en garde contre la montée du chômage et la « fin de la timide reprise américaine »
Dans son discours, avant une conférence de la Banque centrale européenne à Francfort, Ben Bernanke s’est livré à une attaque sans précédent contre la Chine, l’accusant d’entraver la reprise mondiale, de manipuler sa monnaie et du risque de « Fin de la reprise timide des Etats-Unis ».
Accuser la Chine de manipuler sa monnaie alors que la FED se lance dans une deuxième tranche d’assouplissement quantitatif – ou dit autrement « faire marcher la planche à billet pour dévaluer le dollar » - en dit long sur la malhonnêteté d’un Ben Bernanke qui n’est vraiment pas à la hauteur de la situation.
Mais en accusant la Chine de manipuler sa monnaie en tant que président de la FED il cautionne les critiques du Président Obama et de son secrétaire au Trésor Timothy Geithner ce qui peut inciter le Congrès à voter de nouvelles mesures pour taxer les produits importer de Chine – ce qui ne fera qu’aggraver la situation.
On peut lire de très nombreuses critiques concernant le QE2 provenant d’économistes ou bien des pays émergeants. Autant le QE1 avait été favorablement accueilli par la communauté internationale, autant le second est très critiqué. L’argument majeur consiste à dire que le premier n’a pas stimulé l’économie, et de rajouter que les matières premières vont flamber et que des quantités astronomiques de liquidités vont venir gonfler les bulles (déjà bien tendues) immobilières et boursières dans les pays émergeants. Les pays comme le Brésil, l’Inde, la Chine (et Hong Kong) ont manifesté ouvertement leur mécontentement.
Bernanke est t-il incompétent ? Tout dépend du public à qui la question est posée. Les banquiers d’affaires le trouveront très compétent car il va apporter de l’argent frais à des banques insolvables et garantir des bonus faramineux à la profession pour l’année 2011. Le peuple lui devrait penser le contraire car il va être laminé par l’inflation importée via les matières premières (pétrole, blé, soja, maïs…) alors que les salaires vont dans le meilleur des cas stagner – enfin pour ceux qui auront encore du travail.
La décision de lancer le QE2 est un signal clair envoyé par les Etats-Unis de « chacun pour soi » à toutes les autres nations exportatrices (Chine, Japon et Allemagne) qui se battent pour maintenir la parité de leur monnaie à un niveau plancher.
Le Japon, en vain, intervient sur le marché des changes pour affaiblir le Yen. De son coté la Chine achète des obligations d’état du Japon pour obtenir l’effet inverse. L’Allemagne ne peut pas agir directement sur l’Euro mais elle tente de faire voter « son » plan pour sauver les PIGS et par là l’Euro. Face aux folles mesures prises par les gouvernements pour réduire leur déficit, il ne faudra pas être surpris par la violence des crises sociales qui viendront frapper l’Europe en 2011 – le Royaume Unis sera le pays à observer - et probablement déstabiliser nombre de gouvernements en place.
Bernanke turns up heat on China currency policy
WASHINGTON (Dow Jones) – Le Président de la Réserve fédérale Ben Bernanke, à mis de côté les traditionnelles subtilités de la banque centrale pour lancer une attaque directe contre la Chine et sa lenteur à renforcer sa monnaie.
Dans un discours préparé pour une conférence à la Banque centrale européenne ce vendredi matin 19 Novembre, Bernanke a déclaré que la décision de la Chine à sous-évaluer le yuan a essentiellement mis la pagaille dans la reprise économique mondiale.
Le résultat pourrait être une croissance lente à venir « pour tout le monde », dit-il. Au cours de l'année écoulée, le président Barack Obama et le secrétaire au Trésor Timothy Geithner ont utilisé un certain nombre de leviers pour convaincre la Chine de laisser sa monnaie se renforcer plus rapidement que ne le souhaite le gouvernement Chinois, mais en vain.
Bernanke est resté à l’écart de ces initiatives, du moins publiquement.
Ses remarques peuvent donner à l'administration Obama plus de poids pour accuser la Chine de manipuler sa monnaie dans son prochain rapport au Congrès sur le marché de change. Ce rapport est en souffrance et peut être publié à tout moment, même si certains analystes pensent qu'il pourrait ne pas l’être avant la visite du président chinois Hu Jintao à Washington en Janvier.
Le sommet des dirigeants du G20 à Séoul la semaine dernière a bloqué lorsque des gouvernements étrangers, y compris la Chine, ont ouvertement critiqué la décision de la Fed de lancer un deuxième cycle d'assouplissement, avec 600 milliards de dollars en achats d'actifs. Beaucoup de fonctionnaires étrangers accusent la Fed de délibérément dévaluer le dollar.
Obama et Geithner ont été contraints de défendre la Fed à Séoul, alors que le plan de la Fed d'obligations d'achat a également déclenché une vive réaction politique à Washington, de nombreux républicains y compris la vice-candidate à la présidence Sarah Palin ont évoqué leurs préoccupations quand aux conséquences de ce nouvel plan d’assouplissement quantitatif.
Les remarques de Bernanke ne vont pas faire baisser la température du débat. Au lieu de cela, il s’est lancé dans une défense acharnée du plan de la Fed d’achat d'obligations, également connu sous le nom « d'assouplissement quantitatif II. »
« Pleinement conscient du rôle important que joue le dollar dans le système monétaire et financier international, le FOMC [Federal Open Market Committee] estime que la meilleure façon de continuer à soutenir les fondamentaux économiques qui sous-tendent la valeur du dollar, ainsi que soutenir la reprise mondiale, est à travers des politiques qui conduisent à une reprise de la croissance robuste dans le contexte de stabilité des prix aux États-Unis », a déclaré M. Bernanke.
Bernanke a déclaré que la Fed avait décidé de lancer le programme d’achat d'obligations, compte tenu des perspectives de croissance faible et de la persistance du chômage élevé.
« Sur sa trajectoire économique actuelle, les États-Unis risque de voir des millions de travailleurs sans emploi ou sous-employés pendant de nombreuses années», a déclaré M. Bernanke.
La Fed ne peut pas exclure la possibilité que le chômage « puisse encore augmenter dans le court terme », a t-il dit. Cela pourrait mettre un terme à la reprise timide des États-Unis, a t-il ajouté.
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