Je vous avais parlé l’année dernière des prêts requins (shark loans), ce marché parallèle qui permet à des individus ou des entreprises à la recherche d’argents frais de se financer mais à des taux d’intérêts exorbitants bien souvent autour de 30% et plus.
Si l’économie est suffisamment florissante pour que les revenus des emprunteurs puissent rembourser les intérêts ou bien que les pyramides de Ponzi puissent s’épanouir tout va bien.
Comme l’histoire récente et plus lointaine le montre, dès que l’économie « ralentie » (restons optimiste), les défaillances apparaissent puis la dimension exponentielle des opérations de cavalerie fait que le nombre de défaillances croient de façon spectaculaire.
Ces dernières semaines, quelques articles ont été publiés sur la toxicité des prêts requins, articles qui ont tendance a montrer que nous sommes au tout début d’un processus qui pourrait être dévastateur si le ralentissement de la croissance aux Etats-Unis et en Europe se confirmat (restons toujours optimiste - je dirais plutôt que nous sommes déjà en récession mais bon...). Celui que vous trouverez ci-dessous a été publié par le South China Morning Post ce 4 Octobre, d’autres suivront sur le sujet.
After a wave of businesses failures in Wenzhou caused by firms forced to borrow at steep rates, economists fear the problem will be contagious
May Chan
Oct 04, 2011
Les économistes avertissent que les faillites d'un certain nombre de petites et moyennes entreprises dans la ville de Wenzhou marquent probablement le début d'une vague plus importante de faillites d'entreprises qui touchera l’ensemble de la Chine
Mr Yao Wei, économiste en chef de la Société Générale pour la région Asie-Pacifique constate que « Les récents événements représentent une série de problèmes de liquidité rencontrés par les PME en Chine et ce n'est certainement pas la fin. »
Un rapport de Barclays Capital précise que depuis Janvier, les médias locaux avaient rapporté 19 faillites de PME à Wenzhou. Ces faillites ne représentent qu'une petite fraction des 3993 entreprises de cette ville du littoral du sud-est qui est connue pour son esprit entrepreneurial, mais le marché est préoccupé par le fait que ces faillites pourraient marquer le début d'une crise du crédit auprès des PME.
L’accès au crédit auprès des banques devenant de plus en plus restrictif, les PME sont de plus en plus incitées à emprunter de l'argent auprès de sources non bancaires qui pratiquent des taux d'intérêt allant de 20% à 180%.
Mai Yan, l'analyste qui a rédigé le rapport de la Barclay a déclaré que les faillites d'entreprises à Wenzhou seraient inévitablement contagieuses et se propageront à d'autres parties de la Chine continentale.
Appuyant les conclusions de Yan, Yao Wei déclare « Je ne suis pas surpris de voir les PME ont de gros problèmes» a déclaré Yao. Le fait qu'elles empruntent de l'argent à des taux d'intérêt élevés reflète le fait qu'elles sont dans une situation désespérée pour trouver de l'argent ou bien impliquées dans la spéculation, car aucun entreprise sérieuse ne peut générer une marge suffisamment élevée pour couvrir le remboursement des intérêts. »
Yao pense que la Mongolie intérieure, avec ce marché de prêts (requins) très actif, un marché immobilier en surchauffe alimenté par le boom minier, pourrait être la prochaine région qui verraient ses PME faire faillite.
Pour Mr Joy Yang économiste en chef pour la Chine continentale pour Mirae Asset Securities la province du Guangdong et le delta de la rivière des perles, avec leurs concentrations élevées de PME, axées sur l'exportation des entreprises et des activités parallèles de prêts non bancaires, pourraient faire face à des problèmes similaires.
Yang a déclaré que le gouvernement central pourrait enrayer la crise de liquidité en rendant le crédit plus abordable et accessible pour les PME.
La semaine dernière, le gouvernement local de Wenzhou a imposé un plafond sur les taux d'intérêts pratiqués par ces prêteurs si particuliers.
M. Yang a souligné que les entreprises dans les secteurs minier et de l’immobilier ne pourraient pas obtenir de l'aide du gouvernement car il veut favoriser la consolidation de ces secteurs. Il espère également contrôler l'inflation provoquée par la hausse des prix des matières premières et de l’immobilier. Mais ce serait aggraver la situation des PME qui utilisent les propriétés comme garanties lors des emprunts auprès de prêteurs non bancaires.
Un avocat de Chine continentale, qui souhaite rester anonyme, a déclaré: «Comme les prix des biens et des marchandises sont susceptibles de chuter en raison du ralentissement économique mondial, cela pourrait conduire à une réduction de la valeur des biens données en garantie, et conduire à l'éventuelle faillite des PME. »
Yao de la Société Générale prévoit que la crise de liquidité des PME, combinée avec le ralentissement économique général, pour porter la croissance du PIB en 2012 à 8,3%. A comparer avec les 10,4% de 2010 et les 9,5% au deuxième trimestre de cette année.
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