Le titre est volontairement accrocheur mais en Juin dernier un immeuble de 13 étages à Shanghai s’est effondré d’un seul tenant intact, oui intact. Je vous invite à regarder les photos elles sont édifiantes.
Pourquoi je cite cet événement spectaculaire certes mais anodin dans le pays du milieu ? Parce que la bulle immobilière atteint des proportions inédites, à Shanghai avec l’exposition universelle qui doit avoir lieu en 2010, c’est l’hystérie, on construit à tout va, sans contrôle, sans respect des normes, la raison a disparue sous les coups de butoir de la corruption. Et des immeubles s’effondrent tout seul …
Il est très difficile d’obtenir des chiffres sur le nombre d’appartements ou de résidences inoccupés. Officiellement il est question de 91 Millions de m2 fin 2008, en augmentation de 32,3% par rapport à 2007. Des spécialistes de l’immobilier contestent ces chiffres, d’après eux on serait plus proche des 500 Millions de m2, car il y a plein de programmes achevés qui ne sont pas comptabilisés. Difficile d’y voir clair.
Le 27 juin, à 5 h 40, Shanghai a été réveillée en sursaut par la chute de l’un des onze immeubles du complexe Lotus Riverside, dans le district de Minhang. Selon le rapport d’enquête, ce bâtiment neuf de treize étages a perdu l’équilibre sous la poussée d’un monticule de terre de 10 mètres
de haut posé contre l’un de ses côtés et du creusement d’un parking sous-terrain à 4,6 mètres de profondeur de l’autre. Il s’est abattu de tout son long, portes et fenêtres quasiment intactes. Un travailleur migrant qui était entré dans les lieux pour aller chercher ses outils a été tué.
L’événement a provoqué l’indignation des quelque 500 personnes qui avaient
acheté un appartement dans le bâtiment. Nombre d’entre elles, qui avaient
investi toutes leurs économies dans le projet Lotus Riverside, exigent le
remboursement total des sommes versées et le versement d’indemnités de la part
de la Shanghai Meidu Real Estate Development, le promoteur. Plus inquiétant
encore, la société Shanghai Zhongxin, l’entrepreneur chargé de la construction
du complexe, aurait été mise en garde par le bureau d’études techniques qui
supervisait le chantier. “Nous leur parlons de ce tas de terre depuis la
fin de l’année dernière, mais ils n’ont rien voulu entendre”, déclare Wang
Jinquan, le patron de la Shanhai Guangqi Construction Supervision. Les
contrôleurs techniques étaient selon lui en position de “faiblesse”
– “Il faut bien qu’on mange”, ajoute-t-il –, mais il se refuse à
donner plus de précisions.
Pour Shi Jiangang, qui dirige l’Institut d’études de l’immobilier de
l’université Tongji de Shanghai, cet incident met en lumière l’absence de
système de contrôle technique efficace en Chine. “Les bureaux d’études sont
engagés par les promoteurs et s’adressent directement à eux en cas de problème.
Si les contrôleurs évoquent un risque potentiel mais que les promoteurs font la
sourde oreille, ils sont censés saisir les services du contrôle de qualité des
autorités locales. S’ils le font et que le projet est retardé, le promoteur
risque d’ajourner ou de réduire leur rémunération. Certains promoteurs veulent
seulement que le chantier se termine le plus vite possible pour pouvoir vendre
le bâtiment et gagner de l’argent.” Selon lui, les failles d’un bâtiment
n’apparaissent que dans des conditions extrêmes telles qu’un tremblement de
terre.
La mauvaise qualité des constructions constitue un grave problème en Chine. En
effet, le pays s’efforce de suivre le rythme de sa croissance économique et les
grands projets sont la norme. En 2006, Liu Zhifeng, qui était à l’époque
ministre de la Construction, avait déclaré que la longévité moyenne d’un
bâtiment résidentiel était de trente ans.
L’incident du complexe Lotus Riverside n’est pas le seul à avoir frappé
Shanghai ces dernières semaines. Le 9 juillet, les fondations de
l’extension du Southern Hotel se sont effondrées. Le 29 juin, c’est un
pont qui s’est écroulé à Tieli, dans la province de Heilongjiang. “C’est
uniquement une question d’argent, explique Shi. Le marché de l’immobilier est
en plein boom et les promoteurs rognent sur les coûts pour construire plus
vite.”
Selon M. Wang, en ne déplaçant pas le monticule de terre déposé au pied de
l’immeuble, les promoteurs du Lotus Riverside ont économisé “dans les 5 ou
6 millions de yuans”. L’entrepreneur comptait utiliser cette terre
(qui provenait du creusement du parking) pour créer des pelouses.
Shanghai se développe rapidement en prévision de l’Exposition universelle
de 2010 ; 8 000 chantiers sont actuellement en cours, dont
70 millions de mètres carrés d’espace résidentiel. “Depuis le mois de
mai, il se vend plus de 2 millions de mètres carrés chaque mois”,
ajoute M. Wang. Autre problème : la corruption des autorités locales. La
Commission centrale de discipline du Parti communiste chinois a révélé le mois
dernier que 100 fonctionnaires de haut rang avaient été limogés ou mis en
accusation cette année, dans la plupart des cas pour des affaires de vente de
terrains ou des scandales immobiliers.
Cao Li - China Daily
Article paru dans le Courrier International du 23 Juillet 2009
je ne vois pas les fondations de cet immeuble. est ce normal? ;-)
Rédigé par : vincent | 25 juillet 2009 à 10:01
Vous citez l'auteur de l'article paru dans le China Daily : Cao Li, mais pas Courrier International, qui publie l'article de Cao Li, après l'avoir traduit et cité bien entendu.
Rédigé par : Yves Gouisset | 03 août 2009 à 20:18
Monsieur Gouisset, oui une malheureuse omission de ma part. D'habitude j'assure les traductions moi-même mais ici dans la précipitation je ne l'ai pas fait. Je m'excuse pour l'oubli qui est maintenant réparé.
Rédigé par : Fabrice | 05 août 2009 à 14:11