Voici la dernière partie de l’article de Matt Taibbi. J’en profite pour vous faire part des derniers débats autour du trading à haute fréquence (aussi appelé Flash trading). L’affaire fait grand bruit aux Etats-Unis, au point que L'influent sénateur démocrate Charles Schumer a pris la tête de la fronde contre le trading à haute fréquence qu'il accuse de créer un système à deux vitesses entre investisseurs institutionnels dotés des outils nécessaires à son application et les petits porteurs.
Il a expressément demandé à la SEC, d'interdire purement et simplement la technique, menaçant de déposer une loi sur la question faute d'action des régulateurs. (*)
Face à la pression montante, la Bourse électronique Nasdaq a annoncé jeudi qu'elle allait suspendre « volontairement » ce type de transactions à partir du 1er septembre, suivie quelques minutes plus tard par le BATS Exchange, troisième opérateur aux Etats-Unis. (*)
La première place boursière du pays, le groupe NYSE Euronext, n'autorise pas cette pratique et l'a décriée, son PDG, Duncan Niederauer, la qualifiant de « pas de géant en arrière ». « Cela incline le terrain de jeu vers un groupe limité de participants », a-t-il estimé fin juillet. (*)
Si nous revenons à Goldman, on estime que ces programmes génèrent environ $ 21 Milliards de revenue par an. Goldman serait responsable pour 20% des activités de trading à haute fréquence – ce qui représente un revenue de $ 4 Milliards ! Nul doute que son interdiction aura un impact significatif sur les bénéfices de Goldman … (**)
Je reviendrais sur le trading à haute fréquence dans une prochaine note. Maintenant place à la dernière partie de l’article de Matt Taibbi.
(*) Extrait d’une nouvelle de l’AFP : USA: haro sur le « flash trading », spéculation à la milliseconde par Germain MOYON
(**) http://zerohedge.blogspot.com/2009/07/goldmans-4-billion-high-frequency.html
BULLE # 5 La magouille du sauvetage
Une fois que la bulle du pétrole s’est effondrée, l'automne dernier, aucune
nouvelle bulle à se mettre sous la dent pour faire tourner la machine - cette
fois, l'argent semblait avoir vraiment disparu. Ainsi, le safari financier a du
déménagé ailleurs, et le seul gros gibier restant à chasser était une masse de
capital bêtement non gardé et non protégée: l'argent des contribuables. C’est
là, dans le plus grand renflouage de l'histoire, que Goldman Sachs a
véritablement commencé à montrer ses muscles.
Le plus grand renflouage de l'histoire a commencé en Septembre de l'année
dernière, quand le secrétaire d’état au Trésor, Paulson a pris une série
d’importantes décisions. Bien qu'il avait déjà conçu le plan de sauvetage de
Bear Stearns, quelques mois auparavant et qu’il ait aidé les quasi-prêteurs
privés Fannie Mae et Freddie Mac,
Paulson a décidé de laisser tomber Lehman Brothers - l'un des derniers
véritables concurrents de Goldman. «Le statut de super-héros de Goldman a été
laissé intact», explique Eric Salzman analyste du marché, puis il ajoute « et un investissement bancaire
concurrent, Lehman, disparaît ». Le lendemain, Paulson donne son feu vert
au renflouage massif de $ 85 milliards d'AIG, lequel s’empressa de rembourser environ 13 milliards
$ qu'il devait à Goldman. Merci à l'effort de sauvetage, la banque a fini par
être payé intégralement pour ses mauvaises décisions. En revanche, les
retraités de l’industrie automobile qui attendent le renflouage de Chrysler
seront heureux de recevoir 50 cents pour chaque dollar qui leur est dû.
Immédiatement après le renflouage d'AIG, Paulson a annoncé le sauvetage du
secteur financier par le gouvernement fédéral, un plan de $ 700 milliards de
dollars appelé le Troubled Asset Relief Program (TARP), et de mettre à la tête
de ce programme un inconnu de 35 ans, également banquier chez Goldman, nommé
Neel Kashkari. Afin de bénéficier du plan de sauvetage, Goldman a annoncé
qu'elle allait convertir sa banque d'investissement en une holding bancaire, un geste qui lui permet
non seulement d’avoir accès à 10 milliards de dollars du TARP, mais également à
toute une galaxie de financements publics plus discrets - notamment des prêts à
taux réduits de la Réserve Fédérale (FED). À la fin de Mars, la FED a prêté ou
garanti au moins 8,7 billions de $ dans le cadre d'une série de nouveaux
programmes de sauvetage - et grâce à une obscure loi autorisant la Fed à
bloquer la plupart des audits du Congrès, les montants et leurs bénéficiaires
demeurent presque entièrement secrets.
Se convertir en holding bancaire présente également d’autres avantages non négligeables : l’organisme chargé du contrôle de Goldman est maintenant la Réserve fédérale de New York, dont le président au moment de l’annonce de la conversion était Stephen Friedman, un ancien co-président de Goldman Sachs. Friedman violait les principes de la Réserve fédérale en conservant son poste chez Goldman alors qu’il était supposé contrôler la banque. Pour régler le problème, il demanda et obtint du gouvernement une exonération pour conflit d’intérêts. Friedman devait aussi se débarrasser de ses actions de Goldman après que la banque soit devenue une holding, mais, grâce à l’exonération, il fut autorisé à acquérir 52.000 actions supplémentaires de son ancienne banque, ce qui le rendit plus riche de 3 millions de dollars. Friedman quitta son poste en mai 2009, mais l’homme qui est maintenant responsable du contrôle de Goldman – le président de la Fed de New York William Dudley – est encore un ancien de Goldman.
Le « grand message » de tout ceci – le renflouage d’AIG, l’approbation immédiate de la conversion en holding bancaire, les fonds du TARP – est que quand il s’agit de Goldman Sachs, il n’est plus question de marché libre. Le gouvernement pourrait laisser d’autres joueurs du marché mourir, mais il ne laissera tout simplement pas Goldman échouer, en aucun cas. Son emprise sur le Marché est soudain devenue une déclaration publique de privilège suprême. « Dans le passé, c’était un avantage implicite », déclare Simon Johnson, professeur d’économie au MIT et ancien officiel du Fonds monétaire, qui compare le renflouage au capitalisme de copinage qu’il a vu dans les pays du tiers-monde. « Maintenant, c’est plus un avantage explicite. »
Une fois le plan de sauvetage en place, Goldman retourne à ses affaires comme d'habitude,
Rêvant à des projets alambiqués pour nettoyer la carcasse américaine de son capital mal gardé. Un de ses premiers actes de la période post-sauvetage a été de repousser discrètement le calendrier qu’elle suit pour annoncer ses résultats, essentiellement pour effacer de ses comptes décembre 2008 et ses pertes de 1,3 milliard de dollars avant impôt. En même temps, la banque annonça un profit hautement suspect de 1,8 milliards de dollars pour le premier trimestre 2009 – profit qui incluait apparemment une grosse part d’argent payé par les contribuables via le renflouage d’AIG. « Ils ont complètement truqué les résultats du premier trimestre », dit un gérant de hedge fund. « Ils ont caché les pertes dans le mois orphelin et appelé bénéfice l’argent du renflouage. »
Deux chiffres de plus ressortent de ce stupéfiant retournement de situation au premier trimestre 2009. La banque a payé la somme incroyable de 4,7 milliards de dollars en bonus et primes, soit une augmentation de 18 % par rapport au premier trimestre 2008. Elle a aussi levé 5 milliards de dollars par émission de nouvelles actions juste après avoir publié son résultat trimestriel. Considérés ensemble, ces deux chiffres montrent que, au bout du compte, Goldman a emprunté pour payer 5 milliards de dollars de primes à ses cadres, et cela au beau milieu d’une crise économique mondiale qu’elle a contribué à provoquer, usant d’artifices comptables douteux pour embobiner des investisseurs, quelques mois à peine après avoir reçu des milliards des contribuables.
Encore plus stupéfiant, Goldman fit tout ça juste avant
que le gouvernement n’annonce les résultats de son nouveau « test de
stress » pour les banques voulant rembourser l’argent du TARP – ce qui
suggère que Goldman savait exactement ce qui allait arriver. Le gouvernement
essayait de planifier soigneusement les remboursements pour tenter de prévenir
de futurs problèmes dans les banques qui ne pourraient pas rembourser
immédiatement. Mais Goldman balaya ces préoccupations, étalant effrontément son
statut d’initié. « Ils semblaient connaître tout ce dont ils avaient
besoin avant que le stress test ne sorte, contrairement à tous les autres
qui devaient attendre la sortie du test », dit Michael Hecht, directeur de
gestion chez JMP Securities. « Le gouvernement vint déclarer ``Pour
rembourser le TARP, vous devez avoir émis de la dette à 5 ans qui ne soit
pas assurée par le FDIC ce que Goldman venait de faire une semaine ou deux plus
tôt. »
Et enfin voilà le coup de grâce. Après avoir joué un rôle central dans quatre bulles épouvantables, après avoir contribué à faire disparaître du NASDAQ 5.000 milliards de dollars de richesse, après avoir refilé des milliers de prêts immobiliers toxiques à des retraités et des municipalités, après avoir contribué à pousser le prix de l’essence jusqu’à 4 $ le gallon et provoqué la faim de 100 millions de personnes dans le monde, après avoir mis la main sur des dizaines de milliards de dollars des contribuables à travers une série de renflouages gérés par son ancien PDG, combien Goldman Sachs rendit au peuple des États-Unis en 2008 ?
Quatorze millions de dollars.
C’est ce que Goldman a payé en 2008, un taux effectif d’imposition d’exactement un, vous lisez bien, 1%. La banque a payé 10 milliards de dollars en primes et bonus la même année et a fait un bénéfice de plus de 2 milliards de dollars – pourtant, elle a payé au Trésor moins d’un tiers de ce qu’elle a casqué pour payer son PDG Lloyd Blankfein, qui a reçu 42,9 millions de dollars l’année dernière.
Comment est-ce possible ? Selon le rapport annuel de Goldman, le faible niveau d’impôts est dû en grande partie à des changements dans la « répartition géographique des profits ». En d’autres mots, la banque a déplacé son argent de manière à ce que ses profits soient réalisés dans des pays étrangers avec un faibles taux d’imposition. Parce que notre système d’imposition des grandes sociétés est complètement pourri, des sociétés comme Goldman peuvent expédier leurs revenus dans des paradis fiscaux et reporter indéfiniment les impôts sur ces revenus, même si elles réclament par avance des déductions sur ces mêmes revenus non imposés. C’est pourquoi n’importe quelle grande société avec un expert-comptable qui soit à jeun au moins de temps en temps, peut, en général, trouver une façon de réduire à pratiquement rien ses impôts. En fait, un rapport du bureau de Comptabilité du gouvernement a trouvé qu’entre 1998 et 2005, environ deux tiers des grandes sociétés opérant aux États-Unis n’y ont payé aucun impôt.
C’est un scandale, un vrai, qui justifierait une levée de fourches – mais je ne sais comment, quand Goldman publia son imposition d’après le renflouage, c’est à peine si quelqu’un le commenta. Un des peu nombreux politiciens qui remarquèrent le scandale fut le représentant Llyod Doggett, un Démocrate du Texas qui siégea au comité des moyens et solutions de la Chambre. « Tandis que la main droite mendie l’argent du renflouage », dit-il, « la gauche le cache dans des paradis fiscaux ».
BULLE n ° 6 VIVE LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE
Avance rapide jusqu’à aujourd’hui. Nous sommes début juin à Washington D.C., Barack Obama, un jeune politicien populaire dont le plus important contributeur privé à sa campagne électorale fut une banque d’affaires du nom de Goldman Sachs – ses employés ont donné quelques 981.000 $ pour sa campagne – occupe la Maison Blanche. Ayant navigué sans encombre dans le champ de mines politique de l’ère du renflouage, Goldman est à nouveau retournée à ses (grosses) affaires habituelles, cherchant des failles dans un nouveau marché créé par le gouvernement, avec l’aide d’un nouveau groupe d’anciens de Goldman occupant des positions clé dans l’administration Obama.
Exit Hank Paulson et Neel KashKari; ils sont remplacés par
le directeur du cabinet des Finances Mark Patterson et le patron du CFTC Gary
Gensler, tous deux anciens de Goldman (Gensler était le co-directeur financier
de la firme). Et à la place des dérivés de crédit ou des CDO ou des options sur
le pétrole, les crédits de carbone sont le nouveau jeu à la mode – un marché de
mille milliards de dollars en plein essor, qui existe encore à peine, mais qui
existera si le Parti Démocrate, qui a reçu 4.452.585 $ de ce marché lors
de la dernière élection, se débrouille pour créer une nouvelle bulle des
matières premières qui fera trembler la Terre, déguisée en « plan
environnemental » appelé cap-and-trade (NdT : cap-and-trade ou la
bourse du carbone, vous avez même un
site de l’agence de protection environnementale Etatsunienne qui vous explique
cela très bien http://www.epa.gov/captrade/).
Le nouveau marché des crédits de carbone est une répétition virtuelle du casino des matières premières qui a été si profitable pour Goldman, sauf qu’il a une savoureuse nouvelle particularité : si le plan se déroule comme prévu, la montée des prix sera imposée par le gouvernement. Goldman n’aura même pas à truquer le jeu. Il le sera dès le départ.
Voici comment ça marche : si la loi passe, pour les usines et installations fonctionnant au charbon, les distributeurs de gaz naturel et de nombreuses autres industries, il y aura des limites sur les émissions de carbone (dioxyde de carbone, gaz à effet de serre) qu’elles peuvent produire chaque année. Si une société dépasse son quota, elle pourra acheter des « allocations » ou crédits à d’autres sociétés qui ont produit moins d’émissions de carbone. Le président Obama estime qu’au minimum 646 milliards de dollars de crédits de carbone seront mis aux enchères dans les sept premières années. Un de ses principaux conseillers économiques prédit que le chiffre réel sera deux, voire trois fois plus élevé.
La particularité de ce plan qui lui confère un attrait tout spécial pour les spéculateurs, c’est que le contingent (de crédit carbone) sera continuellement réduit par le gouvernement, ce qui signifie que les crédits de carbone deviendront, année après année, de plus en plus rares. Il s’agit donc d’un marché tout à fait inédit, où il est garanti que la matière première négociable verra son prix monter au cours du temps. Le volume en valeur de ce nouveau marché s’élèvera jusqu’à dépasser mille milliards de dollars par an. Pour comparaison, le chiffre d’affaires agrégées de toutes les compagnies d’électricité aux États-Unis est de 320 milliards de dollars par an.
Goldman veut cette loi et se met en ordre de bataille. Le plan est le suivant (1) entrer sur terrain d’une législation qui change de paradigme, (2) s’assurer que la banque aura bien la part rentable de cette législation et (3) s’assurer que cette part sera une (très) grosse part. Goldman a commencé à faire pression pour l’adoption du cap-and-trade il y a longtemps, mais les choses n’ont vraiment décollé que l’année dernière, quand la firme a dépensé 3,5 millions de dollars pour du lobbying sur les questions climatiques (un de leurs lobbyistes à ce moment était Patterson, maintenant directeur du cabinet des Finances). En 2005, quand Hank Paulson était PDG de Goldman, il participa personnellement à la rédaction de la politique environnementale de la banque, un document qui contient des éléments surprenants pour une firme qui, dans tous les autres domaines, a été constamment opposée à toute règlementation gouvernementale. Le rapport de Paulson défendait l’idée que « l’action volontaire seule ne peut résoudre le problème du changement climatique ». Quelques années plus tard, le chef du secteur carbone de la banque, Ken Newcombe, soutenait que le cap-and-trade seul ne serait pas suffisant pour régler le problème du climat et demandait des investissements publics en recherche et développement. Ce qui est pratique si l’on considère que Goldman a investi tôt dans l’énergie éolienne (elle a acquis une filiale du nom de Horizon Wind Energy), le biodiesel (elle a investi dans une société appelée Changing World Technologies) et l’énergie solaire (elle a un accord de partenariat avec BP Solar), exactement le genre d’affaires qui vont prospérer si le gouvernement force les producteurs d’énergie à utiliser de l’énergie plus propre. Comme Paulson l’avait dit à l’époque, «nous ne faisons pas ces investissements pour perdre de l’argent. »
Goldman possède 10 % de la bourse d’échange de carbone de Chicago où les crédits de carbone seront négociés. De plus, la banque possède une part minoritaire dans Blue Source LLC, une société dans l’Utah qui vend le type de crédits de carbone qui sera très recherché si la loi passe. Le lauréat du prix Nobel Al Gore, qui est intimement impliqué dans la programmation du cap-and-trade, a cofondé une société du nom de Generation Investment Management avec trois anciens cadres de haut niveau de Goldman Sachs Asset Management, David Blood, Mark Ferguson et Peter Harris. Leur domaine ? Investir dans les crédits de carbone. Il y a aussi un fonds de 500 millions de dollars, Green Growth Fund, créé par un ancien de Goldman pour investir dans les technologies vertes… La liste peut continuer indéfiniment. Goldman est à nouveau prêt comme souvent en avance sur les annonces officielles. Ce marché sera-t-il plus gros que le marché à terme sur l’énergie ?
« Oh, il va le dépasser de plusieurs têtes », dit un ancien membre du comité sur l'énergie de la chambre.
Bon, vous pourriez dire, quelle importance ? Si le cap-and-trade réussit, ne serons-nous pas tous sauvés de la catastrophe du réchauffement global ? Peut-être – mais le cap-and-trade, vu par Goldman, est juste un impôt sur le carbone bâti de telle façon que des intérêts privés en collectent le produit. Au lieu d’imposer simplement une taxe gouvernementale fixe sur la pollution par le carbone et obliger les producteurs d’énergie polkuante à payer pour la pollution qu’ils engendrent, le cap-and-trade va permettre à une petite tribu de Wall Street de se goinfrer comme des porcs en transformant encore un autre marché de matière première en système de collecte privée d’un impôt. Ceci est pire que le renflouage : ça permet à la banque de capter l’argent du contribuable avant même qu’il soit collecté.
« Si ça doit être une taxe, je préfèrerais que Washington la mette en place et la collecte », dit Michael Masters, le directeur du hedge fund qui a dénoncé la spéculation sur le marché à terme du pétrole, « mais nous sommes en train de parler de Wall Street déterminant la taxe et Wall Street la collectant. C’est la dernière chose au monde que je veuille. C’est complètement dingue. »
Ndt les américains ne sont pas dupes et comparent ce programme à du viagra (source http://townhall.com/cartoons/2009/07/10/8)
Le cap-and-trade va arriver ou bien quelque chose du même genre. La morale est la même que pour toutes les autres bulles que Goldman a contribué à créer, de 1929 à 2009. Dans presque tous les cas, la même banque qui s’est comportée de manière irresponsable pendant des années, surchargeant le système par des prêts toxiques et de la dette mortelle, ne produisant rien d’autre que des bonus énormes pour quelques patrons, cette même banque donc a été récompensée par des montagnes d’argent pratiquement donné et la garantie du gouvernement – tandis que les vraies victimes de ce désordre, les contribuables ordinaires, sont ceux qui payent pour lui.
Il n’est pas toujours facile d’accepter la réalité de ce que nous laissons faire impunément à ces gens ; il y a une sorte de déni collectif qui s’enclenche quand un pays traverse ce que l’Amérique a subi ces derniers temps, quand un peuple perd autant de son prestige et de son statut que nous ces dernières années. Vous ne pouvez pas vraiment prendre acte du fait que vous n’êtes plus un citoyen d’une démocratie prospère de premier plan, que vous n’êtes plus à l’abri de vous faire voler en plein jour ; parce que, tel un amputé, vous pouvez encore sentir des choses qui ne sont plus là.
Mais c’est ainsi. C’est le monde dans lequel nous vivons maintenant. Et dans ce monde, certains doivent jouer suivant les règles, tandis que d’autres obtiennent un mot du Principal les dispensant de faire leur travail jusqu’à la fin des temps, plus 10 milliards de dollars dans un sac en papier pour s’acheter leur déjeuner. C’est un État gangster, vivant sur une économie de gangster où même les prix ne signifient plus rien : dans chaque dollar que vous payez se cachent des taxes. Et peut-être bien que nous ne pouvons plus l’arrêter, mais nous devons au moins savoir où tout cela nous conduit.
Et voilà, bon je termine avec un dessin de Tignons paru dans Marianne numéro 639 du 18 au 24 Juillet à propos des Bonus de Goldman justement qui devrait verser entre 10 et 20 Milliards de dollars de bonus à ses cadres en 2009.
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