Comme vous devez le savoir je poste régulièrement des infos sur Goldman Sachs car cette banque d’affaires est très représentative de la dérive du capitalisme financier et de sa collusion avec les plus hautes instances de l’Etat.
Ci-dessous vous trouverez une vidéo de Dylan Ratigan qui vous explique à sa manière de quoi est accusé Goldman Sachs par la SEC. Dylan Ratigan pose les bonnes questions – enfin de mon point de vue – et si vous regardez le reportage jusqu’ à la fin il s’interroge sur les raisons pour lesquelles jusqu’à aujourd’hui il n’y a pas d’inculpations alors que les preuves s’accumulent et il met cela en rapport le lobbying des banques américaines qui déversent des centaines de millions sur Washington DC.
Pour les personnes peu familières avec l’Anglais, j’ai également réalisé une traduction que vous trouverez avec la vidéo.
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La SEC poursuit Goldman et l’un de ses vice-présidents Fabrice Tourre, âgé de 31 ans, pour fraude. La SEC accuse Fabrice Tourre d’avoir créé des prêts sachant que la valeur et la qualité de ces prêts étaient loin d’être aussi bonnes que ce que Goldman Sachs disaient à ses clients. Goldman est accusé d’avoir vendu ces prêts à ses clients tout en pariant en même temps sur leur défaillance.
Dit simplement, je suis le plus important constructeur de voitures de mon pays et un de mes amis m’approche et me dit qu’il a eu l’idée de construire une voiture qui de toute façon aura un accident. Je vais donc la construire pour mon ami et la revendre à vous qui regardez cette vidéo, mais je ne vais pas vous dire ce que j’ai fait à cette voiture.
Voici une belle Ferrari rouge, je l’ai construite avec mes amis et elle à l’air magnifique. Mais pour être sûr que vous allez l’acheter et moi qu’elle va exploser je vais retirer le moteur et je ne vais pas vous le dire (et Dylan Ratigan prend une feuille de papier pour cacher les éléments qui ont été retirés et il en profite pour faire une blague sur le gouvernement). Et maintenant je vais vous vendre ce qui apparait comme une voiture en parfait état de marche. Et en même temps que vous vendre la voiture, rappelez vous je l’ai également construite, je vais en même temps parier qu’elle aura un accident.
Ce qui arrivera parce que je me suis débrouillé pour que ca arrive. Et quand elle ira droit dans le mur, c’est le jackpot car je gagne en vendant la voiture mais aussi grâce aux « mauvaises assurances » auxquelles j’ai souscris (NdT : là on parle des fameux CDS). Je gagne deux fois, d’abord en vendant la voiture et ensuite avec la police d’assurance. Goldman Sachs gagne de l’argent en vendant la voiture et, là vous allez aimer ça, ils ont souscrit les assurances auprès de AIG, vous vous rappelez ?, Et AIG n’avait pas le cash nécessaire pour payer Goldman Sachs. C’est pour ça que vous les contribuables, vous avez payé 173 Milliards pour racheter les paris qu’AIG avaient pris (NdT. Vous noterez au passage qu’AIG a probablement été trompé par Goldman Sachs).
Et Tim Geithner qui est Secrétaire d’Etat, est la personne qui a décidé que payer était une bonne idée, et qui refuse toujours de montrer les emails entre AIG et Goldman Sachs alors même qui nous avons payé pour éponger les dettes de AIG et vous pensez que les politiciens travaillent bien pour vous (NdT les contribuables) !
Bien sûr Goldman Sachs est poursuivi pour avoir vendu ce pour quoi ils sont bons, vendre des obligations à la place de voitures. Mais le problème ici, c’est qu’ils ont vendu sciemment des mauvaises obligations. En laissant les conséquences aux banques étrangères ou bien pire encore en à nos professeurs, policiers, juges ou bien des fonds de pensions et à d’autres fonds de pensions d’état. Vous imaginez, vendre ces obligations pourries et ne même temps souscrire à des assurances auprès d’AIG sachant qu’elles allaient s’effondrer et enfin faire du chantage auprès du gouvernement pour que Goldman Sachs soit payé via le renflouage de AIG et Paulson via Goldman Sachs !
Voilà l’héritage que nous laisse l’explosion de la bulle. Un tas de crédits insolvables créés par ces obligations pourries, des fonds de pensions qui ont acheté ces obligations pourries en grandes difficultés, une nation en faillite et un transfert massif de liquidité, le plus grand jamais réalisé, vers ces banksters qui ont réalisé et qui sont toujours en train de réalisé cette arnaque contre nous !
Réactions
Réaction d’Eliot Pfizer, ancien gouverneur de New York qu’on appelait également le « sheriff de New York », c’est l’ exemple parfait qui montre que ces “grosses banques” doivent être démantelées parce que des lors que vous avez des banques qui jouent sur plusieurs tableaux, créant des obligations pour ensuite parier contre, ca ne peut pas continuer.
Il est fort possible que Goldman Sachs soit juste la partie visible de l’iceberg dans cette pratique qui a de forte chance d’être généralisée. Cela révèle les liens entre AIG et Goldman Sachs, mais aussi comment les gestionnaires de fonds sont séduits avec des instruments financiers présentant des rendements inhabituels mais qui ont été conçus pour être défaillants dès lors qu’ils sont vendus.
Cette enquête doit montrer la corruption qui a permis de concevoir ces obligations défaillantes. Tout cela mes amis doit conduire chaque américain, chaque politicien à se poser la question : êtes vous d’accord pour délibérément concevoir des prêts défaillants et les vendre en pariant sur leur défaillance, laissant les contribuables, les futures générations, les pensionnaires sans compter les propriétaires d’un bien immobilier qu’ils ne peuvent plus payer sur le carreau avec des banques qui contrôlent nos politiciens avec notre argent.
(Ensuite Dylan Ratigan pose la même question à Richard Blumenthal – procureur général du Connecticut)
Richard Blumenthal a été extrêmement critique quand à IAG, Wall Street et les CDS, la façon dont ils ont été utilisés soulignant l’opacité et le manque de transparence. Et ce que nous avons ici, ce n’est pas seulement la création d’obligations et un pari sur leur défaillance mais aussi le fait que Paulson a pu sélectionner les obligations contre lesquels il voulait parier. Tout cela sans rien dire aux clients qui les achetaient. Au nom des fonds de pensions, des fonds d’états, nous allons réfléchir à ce que nous pouvons faire ainsi que conduire nos propres investigations. La bonne nouvelle c’est que la SEC conduit une enquête fédérale ce qui était attendue depuis longtemps.
(Ensuite Dylan Ratigan questionne Nomi Prims qui fut une Directrice exécutive chez Goldman en lui demandant si elle même avait pratiqué ce genre d’escroquerie alors qu’elle était en poste.)
Nomi Prims répond qu’elle effectué des recherches sur les CDO et dans ce sens elle est coupable. Le niveau de déception va plus loin que le fait d’avoir créer des CDO avec des titres pourris mais c’est surtout de faire intervenir Paulson dans la sélection sans jamais mentionner son nom dans les documents marketing ce qui est une énorme omission et ce n’est certainement pas la seule. Cette enquête qui a durée 3 ans va déboucher sur une autre enquête auprès des plus gros pourvoyeurs de CDO, des plus importants Hedge funds, des plus importants fonds de pensions et va sans doute révéler l’ampleur de la fraude. Le fait de vendre des CDO avec des titres pourris est par nature très décevant et Goldman ou bien d’autres banques comme Morgan Stanley ou Merrill Lynch, avant d’être absorbé par Bank Of America, toutes ont joué le même jeu (vendre des CDO et parier sur leur défaillances)
Richard Blumenthal :
Il espère que cela conduira le congrès à voter des lois encadrant les CDS (NdT : aujourd’hui les CDS sont échangés de gré à gré entre très peu d’intervenants).
Dylan Ratigan déplace ensuite le débat sur le plan politique. Il insiste sur le fait qu’après 2 ans d’enquête il n’y a toujours pas de condamnations alors que les preuves de fraudes s’accumulent. Il se demande alors si ce n’est pas à cause du fait que les banques ont fait d’énormes donations lors de la campagne d’Obama. Il brandit alors un document sur lequel il peut lire que Goldman a versé 1 Million de $ en 2008 pour financer la campagne d’Obama, du jamais vu dans l’histoire des Etats-Unis. Et cette année 344 Millions de $ ont été versé par les banques à « Washington DC ». Alors se demande t-il est ce que c’est pour permettre aux banques de continuer à frauder et si cela va mal de se faire renflouer par les contribuables ? Jusqu’à quel point faut-il que la situation se dégrade pour que les politiciens réagissent ?
Richard Blumenthal :
La réponse que je peux faire c’est que l’enquête mené aujourd’hui peut conduite à un procès, il se prononce en tant qu’ancien procureur fédéral. Mais en tant que procureur d’Etat, il n’a pas la possibilité de lui-même diligenter une enquête. En fait il y a eu un changement dans la loi, qui le prive de toute autorité. En fait seule une autorité fédérale comme la SEC a le droit de conduire une enquête concernant les fraudes commises par les banques dans le cas des CDO. Les états sont privés de ce droit.
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