L’année dernière j’ai posté une traduction en trois parties d’un article de Matt Taibbi qui nous contait la fantastique histoire de Goldman Sachs depuis sa création (voir partie 1, partie 2 et partie 3). Et bien maintenant grâce à Jonathan Lebed (www.lebed.biz) vous avez une version vidéo de l'article de Matt Taibi disponible sur la toile - elle est en Anglais et visible ci-dessous.
L’attaque de la Grèce et de l’Euro par des banques d’affaires et des hedge funds anglo-saxons ont permis de lever le voile sur un certains nombres de révélations et de constats, hélas pour la plupart consternants. Parmi ceux là nous retrouvons l’implication de Goldman Sachs.
Goldman Sachs apparaît souvent comme l’acteur principal de bien sordides affaires financières, mais plutôt que de le pointer du doigt comme le démon à abattre je le considère comme un symptôme. En effet si Goldman Sachs peut monter et réaliser de telles opérations financières, en toute impunité et je souligne en toute impunité, c’est simplement parce qu’on le/la laisse faire. Dit autrement, les agences de notation, les institutions de supervision et de contrôle, les gouvernements sont soient complices, complaisants, incompétents ou inopérants.
La vidéo est une production de Jonathan Lebed (www.lebed.biz)
Dans le cas de la Grèce, il semblerait que nous soyons dans le registre de la complicité.
Il semblerait, les
faits remonteraient à 2001, que Goldman Sachs aurait, avec l'appui d'autres
banques de Wall Street comme JP Morgan Chase, ai développé des outils
permettant à la Grèce d'emprunter tout en dissimulant l'ampleur de sa dette
pendant plusieurs années.
A cette époque, la
Grèce fait son entrée dans la zone euro. Incapable de réformer ses institutions
mais néanmoins obligé de s'aligner sur les traités en vigueur en matière de
déficit, le pays aurait choisi tout simplement de trafiquer sa dette. Goldman Sachs aurait contribué au travers
d'un «swap de devises», c'est-à-dire un échange de monnaie plutôt qu'un emprunt
traditionnel.
Cet outil, tout à
fait légal (semble t-il), permet à la Grèce d'emprunter sans faire apparaître
les montants dans les statistiques officielles. Au passage, Goldman Sachs
empoche 300 millions de dollars de commission.
Plus grave à mon
avis, le même stratagème se serait reproduit en 2002. Et ces mêmes outils
auraient été utilisés par d'autres pays d'Europe du Sud comme l'Italie,
l'Espagne ou le Portugal.
Vous connaissez
ainsi les prochaines cibles des hedges funds.
Mais poursuivons
notre histoire et dans un article du Monde paru le 25.02.10,
on pouvait lire
Au début 2009, la
NBC (National Bank Of Greec), avec l'aide de Goldman Sachs, crée une société
basée dans la City, baptisée Titlos. La coentreprise est installée dans les
bureaux de Wilmington
Trust et Services, compagnie spécialiste de la finance off-shore, en
particulier dans l'enregistrement de sociétés dans le paradis fiscal américain
du Delaware. En transformant les CDS souverains de 2001 en une obligation à
vingt ans, Titlos parvient à transférer, ni vu ni connu, la dette grecque du
bilan du pays à celui de la NBC.
A l'automne 2009, Gary Cohn, numéro deux du
groupe Goldman Sachs, accompagne une délégation d'investisseurs à Athènes pour
rencontrer officiels et analystes. John Paulson (ex PdG de Goldman Sachs), le
patron du fonds spéculatif américain du même nom, est présent. Grand vainqueur
de la crise en pariant contre les banques, Paulson est un gros client de
Goldman Sachs, qui effectue l'essentiel des transactions de son hedge fund.
Cohn propose au
nouveau premier ministre grec, Georges
Papandréou, de lui vendre un instrument financier permettant de
débudgétiser une partie de la dette du service de santé grec. Paulson serait
prêt à s'associer à l'entreprise. Le chef du gouvernement refuse. Mais, il
laisse entendre que Goldman Sachs pourrait se voir attribuer le mandat de
distribution d'un futur emprunt aux Etats-Unis et en Asie, surtout en Chine, où
la banque d'affaires est bien introduite dans les sphères financières
gouvernementales.
On connait la suite,
l’emprunt n’a pas eu le succès escompté, Goldman Sachs connaissant très bien l’état
des finances de la Grèce (Goldman Sachs joue le rôle de conseiller financier
depuis 2001) se déchaine et joue la
dette grecque à la baisse. Et cela avec l’aide de Hedges Funds à qui elle prête
des sommes énormes ! N’est ce pas un délit d’initié ?
Maintenant après
avoir mis en place un plan d’austérité sans précédent, nous apprenons que l’émission
obligataire grecque de 5 milliards d’euros a été un succès. La demande aurait été presque trois fois supérieure
à l’offre et son rendement a atteint 6,3% - belle affaire pour les
acheteurs. Nous ne savons pas qui sont
les acheteurs mais je ne serais pas surpris d’y trouver des banques
européennes, peut être même Françaises et Allemandes (n'oublions pas que la France et l'Allemagne détiennent respectivement 26% et 14% de la dette Grecque qui s'élève à 281 Milliards d'Euros)…
Tout n’est pas fini pour autant et le Grèce essuiera certainement d’autres attaques comme d’autres pays de la zone Euro.
Mais pour moi le plus important c’est la réaction de la société civile Grecque. Des manifestations sont prévues et elles seront suivies avec la plus grande attention par les financiers et les gouvernements. Car si il s’avère qu’après des grèves de plus ou moins grandes intensités, les grecques finissent par courber l’échine et se résigner alors là les financiers et les gouvernements vont se frotter les mains ! Lles premiers poursuivront leurs juteuses opérations financières ave l’Espagne, l’Italie en 2010 puis la France et l’Allemagne en 2011. Les gouvernements eux feront passer leur plan d’austérité avec plus de facilité – prenant les grecs pour exemple. Alors les gouvernements et les financiers complices ? L’avenir nous le dira…
merci pour votre article.
Rédigé par : lio | 13 mars 2010 à 17:53